10 jour ont passé sans l’apercevoir, mais nous le savions présent et le 20 juillet j’écrivais à la famille : « Il s’est de nouveau invité cette nuit, sa mère n’est pas contente (elle a un autre petit, il a néanmoins désobéi et il est revenu voir ses amies les chèvres : Heidi, Chocolatine et surtout Noir. Il a aussi fait son marché avec les boutons de rosier, les feuilles de rhubarbe et celles des fraisiers.
Tout à l’heure il était avec les autres à 3 mètres de moi et je lui parlais sans qu’il n’aie peur.
Tata Odile l’a surnommé "Bambi ! Mais nous ne savons pas encore si c’est une fille ou un garçon ? »
le 25 juillet c’était (avec des photos) : Vous verrez que nous nous occupons un peu ! Je viens de le chasser pour éviter qu’il ne s’apprivoise !
Le 30 au matin : « Bambinette, (des photos de Christian nous ont fait connaître que c’était certainement une fille). Elle, est toujours au rendez-vous du matin avec Géraldine. Elle continue à manger la rhubarbe : il faudra se passer de confiture et de compote.
J’ai fait une barrière pour la cantonner avec les chèvres, mais je n’avais pas vu qu’elle était du côté du jardin ! Elle me fait tourner bourrique !! »
Avec Géraldine nous la faisons sortir du coté chemin et la suivons du regard à travers-champ : elle va retrouver sa famille dans le bois à 50 mètres. Et nous constatons l’après-midi qu’elle est encore là, cette fois près du poulailler. Les fraisiers ont souffert de son passage, ainsi que les feuilles des betteraves rouges.
Le 31 je relate : J’ai eu sa compagnie , avec les chèvres ; j’ai protégé les petits pommiers et la rhubarbe à l’aide de filets pour les oiseaux.
1er août c’est pas juste !
Ce 1er août 2017 sera un jour très triste à la Jorandière : notre Bambinette est morte ce matin, étranglée dans les mailles d’une clôture provisoire que j’avais mise pour protéger le potager.
Hier soir j’avais enveloppé les petits pommiers d’un filet, car elle avait commencé à prélever des feuilles tendres.
Elle était là avec les chèvres comme à son habitude, pas gênée de ma présence. Elle s’est éclipsée pendant que je travaillais, sans que je m’en aperçoive !...
Dans la nuit hier soir, Géraldine a entendu un cri venant de la direction de la cabane et Noir a fait sonner les tôles. Je n’ai pas voulu aller voir. Elle devait être revenue pour calmer sa faim de bonnes choses du jardin. Elle est donc passée sous le filet et a fait son marché dans les salades, les épinards et aussi sur un autre carré de fraisiers. Au matin, repue, et mise en alerte par notre réveil, elle a voulu retourner voir ses amis et c’est là, qu’elle s’est prise au piège en essayant de passer sous la clôture. Elle a pris sa tête dans une maille du filet qui est souple comme elle avait déjà pu le faire pour une clôture rigide, mais ses oreilles n’ont pu se dégager.
Ce matin, j’avais regardé avec mes jumelles, elle n’était pas au rendez-vous avec les chèvres : j’aurais du m’inquiéter.
C’est vers 9 h que Géraldine l’a trouvée couchée la tête emmêlée dans les mailles ; elle venait d’expirer, son petit corps repu était encore tout chaud.
Toute la famille est accourue pour la voir, Chocolatine et Noir la regardaient tristement. Nous avons pensé qu’ils se rendaient compte de la perte de leur petite amie. Je suis sûr qu’ils percevaient la tristesse du moment.
Heidi passait sa tête pour se faire caresser et consoler Géraldine. Noir lui, était beaucoup plus calme que d’habitude.
Elle était là étendue devant le portail, ses grands yeux ouverts : mais pourquoi ne se ranimait-elle pas ? Nous l’avons encore plusieurs fois prise en photos. Mais quels mauvais souvenirs de cette petite fille attachante et curieuse de tout.
Il est vrai que pour les bêtes dites "sauvages" le contact de l’homme n’est pas le bienvenu. Son père, déjà, a du être tué à 30 mètres début juin : nous avons retrouvé sa dépouille, martyrisée par des braconniers.
Sa mère que l’on voyait couramment, depuis le printemps avait disparu avec l’autre petit depuis quelques jours. Était-t-elle restée seule, dans le secteur ?
Tout près de l’entrée de l’enclos j’ai creusé sa tombe et puis je l’ai couchée là avec une grosse poignée de foin frais pour soutenir sa belle petite tête qui me regardait sans peur comme au cours de ces 22 jours. Géraldine lui a fermé les yeux pour que la terre ne les salisse pas. Un sac en papier la protège et nous avons refermé l’excavation.
Elle avait pris une telle place dans notre vie que je m’organisais tous les jours un peu plus pour lui permettre de rester si elle le souhaitait tout en protégeant les légumes.
Si Kalash avait été là hier lundi, c’est une clôture rigide qu’elle aurait essayé de franchir pour retrouver le carré de rhubarbe qui l’attirait tant en complément des feuilles de fraisier.
Elle aurait trouvé à la place sa ration de feuilles et la haie qu’elle adorait brouter.
Bambinette, pourquoi n’as tu pas attendu un peu ? Nous savons bien qu’il y avait beaucoup de raisons pour que tu rencontres le canon d’un fusil, surtout après ce long séjour parmi nous qui ne te permettait pas de juger de la méchanceté des hommes.
Même si à diverses reprises nous t’avons chassée de notre jardin, tu savais bien que nous ne te voulions aucun mal. C’est pourquoi tu revenais !
Après avoir eu beaucoup de visiteurs, enfants et adultes, la belle histoire de Bambinette s’arrête ici, sous les œillets d’inde que j’ai planté sur le sommet de cette petite butte de terre.
ÉPILOGUE : la maman et le second enfant étaient à quelques pas, dans la terre contiguë le lendemain. Se rendaient-ils compte de la disparition de la petite ?