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JOURNEES EUROPEENNES du PATRIMOINE JEP 2021

La Petite Greneterie de Marmoutier

Une découverte sur Blois qui nous rappelle notre Vallée

par Alain Gauthier

MAIS SON DEVENIR NOUS INQUIÈTE, car des projets économiques qui amèneraient sa disparition, le menace.
La ville de Blois, ville d’Art et D’histoire, s’honorerait de valoriser ce vestige presque millénaire au lieu de le promettre à une opération immobilière, qui le condamne.

Petit historique de la petite grèneterie de Marmoutier, dite la maison de la Tupinière

C’est vraisemblablement grâce à la proximité de la Loire et à la protection du Château qu’un certain nombre de greniers publics ou monastiques se sont édifiés au plus près de l’activité portuaire de Blois au moyen-âge.
Le site de Marmoutier, adossé à la falaise, dans un méandre de la Loire, se distingue par sa tranquillité et son caractère pittoresque. C’est sur ce lieu, occupé depuis l’antiquité, que Saint Martin fonde, au IVe siècle, un petit ermitage qui se développe rapidement et devient une prestigieuse abbaye au rayonnement considérable. L’abbaye de Marmoutier à Tours possédait deux grèneteries sur le territoire blésois. Celle qui nous intéresse comportait deux bâtiments, appelés communément la grande et la petite grèneterie de Marmoutier. Il faut cependant attendre 1280 pour voir apparaître, pour la première fois, la désignation « les greniers de
Maremoustier » ». Ces deux grèneteries, vers lesquelles les prieurés situés à 10-15 kilomètres de Blois (Chambon, Orchaise, Mesland, Chouzy, Villeberfol), devaient envoyer la part due à l’abbé des loyers et des dîmes prélevées, étaient situées pour la grande à l’ouest de la rue Robert Houdin (anciennement rue Madeleine) et pour la petite à l’est de la même rue. Il ne reste plus que la petite, la grande ayant été détruite en 1660. La grande grèneterie stockait les céréales et la petite – dite Maison de la Tupinière (1) - abritait les tonneaux et les étables. Tout un personnel
de mesureurs et de comptables y travaillait, surveillé par un grenetier - la plupart du temps le prieur d’Orchaise. L’hiver la Grèneterie vendait le méteil et le seigle sur le marché local et encaissait les loyers de la trentaine de maisons possédées par l’abbaye de Marmoutier (rue St Lubin, rue du Foix, rue du Poids du Roi). L’activité de grenier sera maintenue jusqu’au XVIe siècle.
Au XVIIe siècle, la grèneterie est louée à des particuliers ou des commerçants. En 1747 y furent logés des prisonniers de guerre hollandais. En 1780, l’archevêque de Tours obtient l’autorisation de vendre les greniers de Marmoutier. La maison sera vendue par adjudication en 1782 puis attribuée à Antoine Laurent Lavoisier, l’un des fermiers généraux de sa majesté qui en définitive la sous louera à Monsieur Jean Bronde, entrepreneur de la manufacture royale de St Dyé : « au second étage de la grèneterie, trois greniers carrelés dont les croisées sont seulement fermées par des contrevents en dedans ». En 1791, les trois greniers de la grèneterie sont loués à François Marie Joseph Noël, négociant à Blois. Enfin, durant la période
révolutionnaire, le 16 ventôse an11, la grèneterie est vendue à Mathieu Léon Hadou, officier de santé et Jean Martin, charcutier. Elle sera utilisée jusqu’au XIXe siècle comme lieu de stockage pour différents commerces.
En 1938, l’intérieur s’effondre. Elle est cependant inscrite aux monuments historiques en 1946.
Selon l’avis de Monsieur Paul Robert-Houdin qui considère « cette maison intéressante tantau point de vue architectural qu’au point de vue de l’histoire économique des grandes abbayes du Moyen-Age …. Qu’il serait regrettable de voir démolir ».
Ces vestiges sont encore d’une majestuosité remarquable et sans pareil. Il n’existe plus de grèneterie de cette taille dans la région. Ils ont traversé plusieurs siècles et leurs pierres, malgré les vicissitudes du temps, continuent de nous parler. A nous de savoir les entendre.

(1)-Le Docteur Lesueur, pour expliquer l’erreur de dénomination de la petite grèneterie de Marmoutier – devenue pour tous la Tupinière – rappelle que plusieurs actes du XIIIe siècle nous ont conservé le souvenir de maisons de ce quartier ayant appartenu à « feu mestre Renaud Tupin » Les voisins (es) de la Tupinière.

Son architecture

Cette petite grèneterie résulte de deux campagnes de travaux, l’une à la fin du XIIIe siècle,
l’autre au milieu du XVe siècle. La partie centrale, à pignon sur rue, et le corps Est sont plus
anciens que le corps Ouest.
Le premier étage du corps central s’ouvre par une succession de baies étroites séparées par des
traverses chanfreinées. L’embrasure des fenêtres est munie de bancs en pierre intégrés à la
maçonnerie.
On retrouve le même système de baies sur le corps oriental avec toutefois des moulures moins
grossières.
Ces dispositions furent remaniées vers le milieu du XVe siècle, date à laquelle on ouvrit
dans le pignon central de larges fenêtres à croisées à mouluration prismatique. La charpente
fut également totalement modifiée
La partie ouest, édifiée sans doute à cette époque, possède des ouvertures proches de celles du
pignon central. Une tourelle d’escalier, desservant les étages des deux bâtiments, fut également
bâtie avec accès par une petite porte surmontée d’un arc en accolade. Cette tour centrale ne fait
pas saillie sur la façade mais se distingue seulement au niveau des toitures.

Nos supports de recherches et nos sources d’inspiration :

Une visite sur le site archéologique de l’Abbaye de Marmoutier à Tours,
Cahiers de la SCLLC tome 72 de 2017,
Les travaux de Mme Colette Beaune,
Les recherches architecturales du Dr Lesueur, ADLC - réf 29 H13,
Archives départementales Indre et Loire - réf H381,
Archives départementales Loir et Cher,
Extrait d’un mémoire de maîtrise - université de Tours - « crises et reconstruction du temporel de l’abbaye de Marmoutier » 1998 Céline Renard,
Apport architectural de N.Viault ainsi que
Les recherches du groupe de travail sur les rues et monuments de Blois de la SCLLC : Mme M-T Notter, M.Vallas, J-P Sauvage, B. Guignard, A. Guerrier, T. Grappy.

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P.-S.

Si cette affaire vous intéresse vous pouvez contacter l’association :
asso.latupiniereblois@laposte.net

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